Un partenariat entre Krys Group et le CHU de Poitiers a permis de lancer une étude épidémiologique française sur la myopie en 2016. Après une première salve de résultats publiés l’an dernier dans le British Journal of Ophthalmology et qui s’intéressaient plus particulièrement aux enfants, en ce début d’année, de nouvelles données sont dévoilées notamment concernant les adolescents et les jeunes adultes.
Dirigée par le Pr Nicolas Leveziel, cette étude épidémiologique est la plus grande étude internationale sur la myopie. Elle a permis d’analyser les données anonymisées collectées auprès de 696 magasins Krys, soit environ 5 millions de porteurs.
Après les enfants, les chercheurs se sont penchés dans cette nouvelle phase sur les données collectées entre 2013 et 2019 de 630 487 adolescents et adultes myopes, dont 167 204 individus appartenant à la tranche d’âge des 14-29 ans. Sans surprise, sur ces populations également la myopie augmente. Elle progresse chez 18 % des 14-15 ans et chez près de 14 % des 16- 19 ans, avec des résultats en moyenne plus importants chez les femmes. Sur une période de 5 ans, le risque de développer une myopie forte est de 76 % pour les individus les plus myopes chez les 14-16 ans et de 58 % pour les 19-23 ans. Chez les plus myopes, le risque d’évolution de la myopie est aussi important chez les jeunes adultes que chez les 4-17 ans.
« Le rôle de l’opticien est central »
Selon les chercheurs, les résultats de cette étude « confirment l’importance de prendre en charge la myopie le plus tôt possible pour ne pas la laisser s’installer et progresser, mais également de mettre en œuvre des solutions de freination au-delà de l’adolescence, c’est-à-dire chez le jeune adulte ». S’il est impossible de la faire disparaître totalement, différents leviers existent pour ralentir de manière significative sa progression et sur ce point « le rôle des opticiens est central, tant en matière de sensibilisation et de dépistage, que de prise en charge de la myopie dès le plus jeune âge ».
Parmi les solutions qui ont prouvé des effets significatifs, les scientifiques évoquent l’orthokératologie (« grâce à des lentilles à géométrie « reverse » de type tétracourbe, qui remodèlent la cornée en une forme de plateau ») ou encore l’atropine 0.01 % en collyre qui réduit de 50 % la progression de la myopie. En termes d’innovations optiques, les initiateurs de l’étude évoquent également les lentilles MiSight 1 day de Coopervision, qui promettent une freination de la progression de la myopie et l’élongation de l’œil de plus de 50 % en 3 ans ; le verre Hoya MiyoSmart Vision qui affiche un résultat de freination de la myopie de 59 % et un ralentissement de l’allongement axial de l’œil de 60 % ; le verre Stellest d’Essilor, dont une étude a quantifié à 67 % le taux de réduction de la progression de la myopie à un an.